Les engrais verts adaptés à un V.I.E.

Un engrais vert est un couvert végétal conçu pour être un amendement organique. Il se veut être un moyen de stocker de la matière organique dans les sols et de fournir des nutriments à la vigne. L’apport de matière organique par un engrais vert, notamment son ampleur et sa disponibilité pour la vigne, dépend de sa composition, des conditions dans lesquelles il se développe et est détruit. En tant que couvert végétal, un engrais vert permet également une amélioration des propriétés physiques du sol (capacité de rétention d’eau, stabilité structurale …), un renforcement de la vie du sol et une réduction du ruissellement. Les modalités de gestion d’un engrais vert, du semis à sa destruction, sont variées et impactent son développement ainsi que les restitutions à espérer.

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L’approche V.I.E. est un modèle de production rentable et innovant qui favorise les pratiques éco-responsables. Le sol doit être considéré comme le « frigo » de la vigne et fournir les éléments nutritifs nécessaires au maintien des objectifs de rendement. Les engrais verts sont un moyen de maintenir ce frigo « plein » et permettent de combiner développement durable et haut potentiel de rendement.

Les engrais verts ont un impact bénéfique sur la nutrition de la vigne et donc, indirectement, sur le rendement :

• Entretien voire augmentation du taux de matière organique du sol : stimulation de l’activité biologique du sol de manière rapide et intense pendant la croissance du couvert et surtout après enfouissement.
• Amélioration de la fertilité minérale : certaines familles d’engrais verts utilisent les éléments minéraux sous forme insoluble alors qu’ils sont inutilisables tels quels par la vigne (exemple : Crucifères avec la potasse). La destruction de l’engrais vert permet leur restitution à la vigne sous une forme assimilable. Les engrais verts permettent également, en stockant les éléments durant l’hiver, de limiter les phénomènes de lessivage par les pluies. Aussi, la présence de légumineuses enrichit le sol en azote par fixation symbiotique de l’azote atmosphérique si le temps de culture est supérieur à 50 jours.

Les engrais verts rendent également de nombreux services écosystémiques :

• Amélioration de la structure du sol via l’action mécanique des racines qui permettent d’ameublir le sol de l’inter-rang et amélioration de la capacité d’infiltration de l’eau dans le sol.
• Protection contre l’érosion et le ruissellement : une couverture du sol permet de limiter, de plus de moitié, la quantité de terre érodée (cf. tableau ci-dessous)
• Réduction de la température du sol
• Augmentation de la biodiversité présente sur la parcelle : diversité culturale, habitat pour la faune
• Stockage du carbone

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Estimations des restitutions potentielles d’azote :

Dans le cadre d’un V.I.E., le choix du couvert végétal hivernal doit être dicté prioritairement par ses capacités à restituer l’azote au sol et à favoriser la matière organique. En moyenne les engrais verts permettent la production de 5.5 t/ha de matière sèche, s’ils sont semés sur un hectare en plein. On peut en espérer un apport de 100 unités d’azote en moyenne (estimation avec le logiciel MERCI). Si l’on pondère ces valeurs par la proportion réellement couverte par l’engrais vert (un inter-rang sur deux, préconisé dans le V.I.E, soit 30%), on peut conclure à un apport de 1.65 t/ha de matière sèche et 30 unités d’azote. Pour un engrais vert semé tous les inter-rangs on obtient 3.3 t de matière sèche/ha et environ 60 unités d’azote.

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Estimation du stockage de carbone : 

Les engrais verts, par leur matière organique, permettent de stocker du carbone dans le sol lorsqu’ils sont détruits. Une partie du carbone de cette biomasse est minéralisée (environ 62%), le reste constitue du carbone dit “stable”, qui est traduit par l’ISMO (indice de stabilité de la matière organique). L’ISMO exprime la potentialité de stockage du carbone du produit dans le sol (exprimé en % de la matière organique du produit). Plus la valeur ISMO est proche de 100% plus le carbone apporté par l’engrais vert restera longtemps dans le sol.

Des calculs théoriques du carbone stocké par les engrais verts sont réalisés (Table 3). Par exemple, pour un couvert à 4 T de matière sèche/ha en plein :

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Dans le cas d’engrais vert semé un interrang sur deux, le stockage de carbone potentiel est de 200 kg/ha soit 50 kg C/t MS. Ce stockage de carbone est peu variable selon les espèces d’engrais vert utilisées car elles présentent le même ISMO.

Quelles espèces semées ?

Les engrais verts ont l’aptitude à fournir du carbone «lent» ou «rapide» et de l’azote. Le carbone “lent” correspond aux matières riches en cellulose et lignine comme les céréales à paille (Graminées). Le carbone “rapide” est associé aux Légumineuses et aux Crucifères, sources de sucres facilement dégradables. Les Légumineuses apportent également de l’azote. Afin de s’assurer que les microorganismes puissent dégrader correctement la matière organique sans priver la culture d’azote (faim d’azote), il est souhaitable de mélanger les engrais verts afin de disposer d’une formulation équilibrée entre carbone lent, rapide et azote (consultez les fiches espèces ici). Il est également conseillé de ne pas planter les mêmes engrais verts chaque année et préférer une rotation afin de diversifier les espèces et profiter de leurs différents avantages.

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Comment optimiser les performances des engrais verts ?

Différents éléments peuvent influencer les performances des engrais verts implantés :

• la date de semis : plus l’engrais vert est semé tôt, plus la production de biomasse est importante. Dans le cadre d’un V.I.E., des semis fin août / début septembre peuvent être conseillés pour bénéficier des pluies automnales. Un semis peut intervenir avant vendanges.
• la durée de vie du couvert : plus le couvert reste en place et meilleure est la production de biomasse. Le type de sol influe fortement sur la production de biomasse. Par exemple, un sol argilo-calcaire produit en moyenne 3,5 t MS/ha et un sol limono-sableux 7,6 t MS/ha (en plein). Dans le cadre des V.I.E., il faut trouver le juste équilibre permettant performance optimale des engrais vert tout en limitant la concurrence et donc bien réfléchir la date de destruction.

Un itinéraire type repose sur un couvert hivernal temporaire avec un semis précoce et une destruction avant débourrement.

• le mode de semis peut impacter le développement des espèces. Les semis directs et en ligne sont moins denses et permettent un développement d’adventices important (18% dans le cas du semis en ligne). Un semis précoce à la volée favorise un développement plus dense de l’engrais vert (9% d’adventices dans la biomasse aérienne) et est donc conseillé dans un V.I.E.

Enfin concernant la destruction du couvert, différentes méthodes sont possibles : roulage, broyage, enfouissement… Chaque type de destruction influence la vitesse de dégradation du couvert, donc sa minéralisation et par conséquent sa restitution d’azote. L’enfouissement des résidus apporte la plus grande quantité d’azote minéral dans le sol. Le roulage permet en plus un entretien du sol pour éviter la pousse d’herbe pendant l’été. Le travail du sol permettra de mieux préparer le sol pour le semis suivant.

A noter :

• La préparation du sol et la densité de semis n’ont pas d’influence significative sur le développement de la biomasse. Il suffit que le sol soit suffisamment émietté pour permettre une bonne levée. Sur vigne en place, un passage de houe rotative ou un à deux passages de vibroculteur peut suffire. Il est conseillé de rouler ou de réaliser un griffage superficiel après le semis.
• Semoir : dans le cadre d’un V.I.E, il est préférable de semer sur le même inter-rang, sur un sol travaillé. Tous les types de semoir peuvent être utilisés mais une attention particulière doit être portée au réglage du semoir sélectionné vis-à-vis de la densité et de la taille des graines.