L'irrigation enterrée
Nous définissons l’irrigation enterrée par l’utilisation d’un système d’apport d’eau en goutte à goutte mis en place à une profondeur d’une quarantaine de centimètre. Cette pratique permet l’installation d’un bulbe humide souterrain lors de l’irrigation.
Rappel : la législation française sur l’irrigation
L’article D665-17-5 code rural et de la pêche maritime a été modifié par le Décret n° 2023-735 du 8 août 2023 relatif à l’irrigation des vignes. Le nouvel article indique que l’irrigation des vignes aptes à la production de raisins de cuve est interdite du 15 septembre à la récolte.
Quels sont les avantages de ce système ?
Cette technique bénéficie de nombreux atouts, tels que :
- Une économie d’eau en comparaison aux apports de surface, ici l’eau est directement disponible au niveau des racines,
- L’opportunité de réguler la population d’adventice, celle-ci se développe habituellement sous les réseaux d’eau en surface et absorbe une partie de l’apport en eau lors de l’irrigation. La source d’eau enterrée à 40cm ne permet plus à leurs racines de puiser cette eau.
- Une meilleure durabilité, sous terre, le système est protégé des dégâts de nuisibles et de machines.
- La possibilité de travailler le sol sous le rang de vigne sans contrainte (hors décavaillonnage).
En contrepartie, cette technique présente aussi des inconvénients :
- L’investissement à l’installation est plus important qu’un système goutte à goutte aérien. Il faut compter une majoration de 20%.
- Le fait que le système soit enterré complique la détection des fuites et l’entretien des tuyaux. Ce dernier doit être le plus rigoureux possible pour éviter tout problème.
- Impossibilité d’installation dans les sols caillouteux trop importants, dû aux risques d’écrasement ou de pincement du système et à la difficulté de sa mise en place.
Peut-on enterrer son goutte-à-goutte avec le même matériel qu’un système aérien ?
A l’installation :
Il est préconisé d’adapter le matériel d’irrigation à cette technique enterrée. A l’installation, une sous-soleuse est suffisante afin d’implanter son réseau de tuyaux. Une mini-pelle peut être employée pour la mise en place des peignes et des raccords. Cette installation est de mise en œuvre rapide, le temps de travail est comparable à celui d’un goutte-à-goutte aérien.
L’importance des goutteurs :
Le choix des goutteurs est primordial. Débit, pression, diamètre et espacement des goutteurs sont des paramètres à prendre en compte pour estimer la quantité d’eau qui sera apportée lors de l’irrigation. Le dimensionnement du système dépend directement des objectifs de production.
Afin d’assurer la durabilité et le bon fonctionnement des goutteurs, ces derniers doivent présenter des caractéristiques techniques plus spécifiques que les goutteurs de surface :
- Goutteur plat : sa morphologie empêchera l’écrasement du système de formation de la goutte sous le poids du sol.
- Anti-siphon : dans le sol, les goutteurs peuvent vite s’obstruer en absorbant des particules. La présence d’une membrane endigue ce phénomène.
- Anti-racine : en présence d’eau, les racines vont avoir tendance à pénétrer l’intérieur du tube d’irrigation. Un sas de transition empêchera l’obstruction.
- Auto-régulation : afin que chaque goutteur soit régulier, même dans les parcelles en pente, cette technologie permet de répartir une pression constante et un débit homogène.
Contre les colmatages :
Afin d’éviter les colmatages, un système de filtration en amont de la zone irriguée est indispensable. Sous forme de filtration à disque ou à sable, elle doit permettre une filtration des éléments de l’ordre de 150 microns.
Des systèmes de purges sont aussi à mettre en place lors de l’installation, on y trouve :
- Un collecteur qui rend possible la purge en un seul point du système d’irrigation. Utilisable rapidement entre deux irrigations, cela permet de nettoyer le système durant la saison estivale.
- Une vanne de purge placée en aval de chaque ligne, cette purge permet un nettoyage plus efficace de chacune des lignes d’irrigation.
- Un double peigne présente la particularité de ne posséder un point de purge qu’en un point du système et non à chaque sortie de rang.
- Une vanne à air empêche l’aspiration de corps étrangers à l’intérieur des conduits, et leur écrasement.
Pour repérer d’éventuelles fuites ou de colmatages dans son système, la mise en place d’un débitmètre permettra de contrôler la consommation en eau de son aménagement.
Une purge annuelle est indispensable sur la totalité du système.
Où dois-je enterrer mon système ?
Avantages | Inconvénients | |
Proche du rang vigne |
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Au milieu de l’inter-rang |
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L’installation du goutte-à-goutte enterré est à mettre en place à l’aide d’une sous-soleuse. L’intervention de cet outil se fait en fonction du statut de son sol. Il est préconisé d’installer son système lorsque le sol est réessuyé.
Le goutte-à-goutte enterré est-il adapté à mon sol de culture ?
En fonction du type de sol, le profil du bulbe d’irrigation sera différent. Par leur granulométrie et leur structure, les sols argileux ont tendance à retenir plus facilement l’eau, et le bulbe formé se dilatera. Les bulbes dans les sols à granulométrie plus grossière formeront une colonne d’eau. Ces caractéristiques sont à prendre en compte lors de l’apport en irrigation, pour raisonner sa quantité, et sa fréquence.
Quel est le coût d’une irrigation enterrée ?
Le coût d’une installation d’un système d’irrigation enterrée est majoré de 20% (prix du matériel, main d’œuvre mécanique, …) en comparaison à une irrigation aérienne. Néanmoins, les coûts d’entretien sont moindres et la durée de vie de ce système est plus important.
Pour rappel :
La durée de vie d’un système goutte à goutte peut être estimé à une quinzaine d’années, même si elle peut aller au-delà si le réseau est correctement entretenu. La Chambre d’Agriculture de l’Hérault a estimé que le coût annuel de l’irrigation variait de 302 €/ha/an à 570 €/ha/an. Ces coûts se répartissent de la façon suivante :
- Coût d’installation : 1520 à 2400 €/ha de matériel (station de filtration, peignes, raccords, rampes de goutteurs…) auquel s’ajoutent 420 à 560 € de main d’œuvre. Le facteur majeur de variation du coût d’installation est la distance entre la borne ou le forage et la parcelle
- Coût d’entretien : 78 €/ha/an incluant le nettoyage, les réparations sur le réseau et la main d’œuvre nécessaire
- Coût d’arrosage : 150 à 170 €/ha/an constitué par le temps nécessaire au pilotage et au déclenchement de l’arrosage.
- Coût de l’eau : 300 à 1000 m3/ha/an variable selon le mode de prélèvement (tours d’eau, forages…)
Source : Chambre d’agriculture de l’Hérault
POUR EN SAVOIR PLUS
- Outil en ligne : Irrigation par goutte à goutte
- Intérêts et excès de l’irrigation – T. Scolasch, Fruition – 4èmes Assises des Vins du Sud-Ouest : Vidéo
- Fiche pratique : L’irrigation de la vigne
- Fiche pratique : La fertirrigation
- Fiche pratique : Qualité de l’eau et entretien du système d’irrigation
- Article : « Gestion de l’irrigation sur Gros Manseng en Gascogne », La Grappe 115, mai 2019
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Denis CABOULET
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